Le Kerry Blue Terrier
Copyright Joseph ORTEGA
“La sentinelle du pauvre, le
compagnon du fermier, le favori du noble”
Proverbe Irlandais
Il a un peu l’apparence du
Fox-Terrier mais avec une robe bien plus opulente et sombre, avec un ton de
bleu qui lui vaut son nom.
Son origine est assez
nébuleuse et plus que dans d’autres races, il court différentes légendes
irlandaises, l’une d’entre elles le fait remonter à l’époque du déluge et à
l’arche de Noé, une autre veut qu’il serait le seul survivant d’un naufrage qui
se produisit près des côtes de la baie de Tralee, dans le comté de Kerry. Il a
une parenté indéniable avec les autres Terriers d’Irlande, comme l’Irish
Terrier, le Soft-Coated-Weater Terrier et le Glen-of-Imaal-Terrier, en
particulier pour la nature du pelage qui est doux, abondant, ainsi que pour le
caractère combatif. L’Irlande est un pays rude très venteux, on a retrouvé dans
des fouilles faites au tumulus de Newgrange, différents types de chiens, datant
de 3.000 ans avant notre ère.
Après plusieurs invasions,
comme celle des Celtes entre le 8e et le 2e siècle avant
notre ère, de nombreuses races se sont formées avec des fonctions différentes.
Il existe de nombreux récits héroïques de chiens comme celui du fameux Cu
Chullain ( le chien de Cullan) à qui on a prêté des pouvoirs magiques. Dans les
plus anciennes lois écrites de l’Ile verte les « Brehon Laws », le
chien occupe une place privilégiée, les grandes races étant réservées aux
nobles et à la chasse, les autres aux petites gens, qui devaient se contenter
d’un « dog of the dungheap », c’est-à-dire d’un chien du tas de fumier.
On raconte que les irlandais réussirent à vaincre les Vikings à la bataille de
Clontarf en 1014, grâce à l’appui de leurs chiens très combatifs.
On retrouve en pays de Galles
au Xe siècle des « House curs », aptes à chasser dans les Terriers
les bêtes poursuivies par les chiens courants, comme le renard, la loutre, la
martre, la belette, le blaireau ou le lapin. C’est donc au milieu des hounds
qu’il a commencé à être employé, sous le nom générique d’Irish Blue Terrier. A
ce moment là on trouvait différentes couleurs et diverses tailles, le rouge se
trouvait dans le nord de l’Irlande, ailleurs on avait des robes bleues, grises,
noir et feu.
Celle qui fit reconnaître la
race est Mrs Carey Hewit du Comté de Kerry, en particulier à l’exposition de
Limerick en 1887 où cinq sujets furent présentés avec cette belle teinte bleu
ardoise. Un prix spécial fut créé pour les chiens exposés avec les oreilles non
coupées et en 1890, le Kennel Club Irlandais va interdire l’amputation de
celles-ci pour le Terrier avant de l’étendre à d’autres races.
La race commence à être
connue pour son originalité en Angleterre et en Ecosse, on retrouve plusieurs
Kerry-Blue exposés à Cork en 1913 et à l’exposition de Willarney ils sont
vingt, tous parfaitement homogènes.
Sous l’impulsion de plusieurs
éleveurs conduits par Mrs Casey Hewitt, un Club sera créé en Irlande en 1920,
c’est le moment où l’aspect extérieur va devenir la préoccupation des
présentateurs « handlers » et que le toilettage débute, pour devenir
un véritable art de la sculpture du pelage. Il faut dire que jusque là toute la
sélection, ou du moins l’essentiel, se faisait sur des critères
d’utilisation ; l’aptitude au travail dans plusieurs domaines
cynégétiques.
On le trouvait, nous l’avons
dit, dans les équipages de chasse à courre, mais également comme gardien,
conducteur de bétail ou tout simplement dans le rôle de destructeur des rats et
des souris dans les granges et les écuries, toujours sur le qui-vive, prêt à
jouer des dents de manière efficace. Ces sujets là avait le poil plutôt hirsute
et emmêlé, ce qui leur permettait de rentrer sans dommage dans les broussailles
pour déloger le gibier à l’occasion.
Les anglais, comme Stonehange
(1887), s’étaient assez moqués de ces « bâtards irlandais » sans
homogénéité, mais qui pourtant avaient des qualités indéniables, à tel point
que les allemands viennent les acheter pour les utiliser, dès 1900.
On le retrouve donc,
correctement toiletté et présenté au mieux à la manière anglaise à la fameuse
exposition de la Cruft en 1922, année où le Club de race fut créé en
Angleterre, ce qui entraîna son admission officielle au Kennel Club.
La race était devenue à la
mode et en 1923 lors du rassemblement de tous les Terriers, c’est Martell’s
Sapphire Beaty, un Kerry Blue, qui gagne.
Le fait d’avoir une
esthétique qui plait est comme toujours préjudiciable, et pour pallier à ce
dérapage les Irlandais en vinrent à exiger une épreuve de travail pour les
Champions en 1926, afin qu’ils démontrent la conservation de leur aptitude.
Les épreuves consistaient à
affronter un blaireau, un rat ou un lapin et à le mettre à mort le plus
rapidement possible.
Sa silhouette est facilement
identifiable, c’est un individu de taille moyenne de 46 à 49,5 cm au garrot (
18 à 19,5 pouces). Le corps a un dos de longueur moyenne mais ferme et une
poitrine bien descendue avec un poil doux abondant et ondulé qui peut avoir
plusieurs ton de bleu avec ou sans extrémité noire (il faut savoir que chez le
jeune la couleur est plus sombre, elle s’éclaircira avec l’âge), ou avec le ton
fauve.
La tête est très typée avec
le regard caché sous d’épais sourcils, les moustaches et la barbiche abondante,
la queue est portée dressée et gaie.
Son caractère est fait d’une
pièce, avec lui c’est tout ou rien, on peut même dire que l’on peut le classer
dans la catégorie des cabochards, têtus et indépendants. S’il apprécie la
compagnie des maîtres, il n’est pas de ceux qui viennent quémander les caresses
à tous instant, il lui faut son coin, ses jouets, sa gamelle et ses sorties. Si
on veut le faire obéir et lui apprendre les bases d’une bonne éducation, il
faudra commencer tôt et s’en tenir à des exercices simples qu’il apprécie parce
qu’il les prend pour du jeu. Il est d’un tempérament fort et supporte très bien
le stress de la ville, déambulant au bout de sa laisse, le regard fier et
tranquille, avec un air de dédain un peu snob. Son équilibre caractériel fait
qu’il est rarement agressif avec les humains et supporte avec calme les
contacts avec les personnes étrangères. Lorsqu’il est décidé, il peut être un
compagnon de jeu infatigable qui épuise vite les ressources de son maître.
On peut s’amuser avec lui
dans le programme d’Agility où il démontrera les possibilités sportives qu’il
possède, en survolant les obstacles, contrôler sa fougue à distance pour le
diriger s’avérera plus difficile. Pour qu’il soit bien dans sa tête il n’est
nul besoin de le faire courir pendant des heures, une promenade rapide ou un
jeu avec la balle pendant une demi-heure lui suffisent.
Avec les autres chiens, il
est assez aimable et accèpte volontiers les salutations ou le jeu, si par
contre il a affaire à un grincheux qui lui cherche noise il aura vite fait de
le remettre à sa place sans agressivité exagérée. Avec les autres animaux, il
faudra commencer dès le plus jeune âge la socialisation, que ce soit les chats
ou la volaille, pour le chien de la campagne, l’on est Terrier ou l’on ne l’est
pas !
Sa santé est solide et il
supporte bien les longues promenades sous la pluie ou les séjours prolongé dans
le jardin en hiver. Son toilettage demande une connaissance parfaite du
standard et de l’habilité, d’autre part il faut qu’il soit fait régulièrement
c’est ce qui freine les maîtres qui voudraient s’enquérir d’un tel original. Il
faudra avoir recours aux opérations anglaises comme le stripping (qui est une
épilation avec un peigne dentelé spécial ou à la main) ou le trimming (
préparation spéciale à la brosse ou au peigne dentelé), les ciseaux permettront
de couper les poils trop longs, et la tondeuse égalisera les oreilles et le
cou. Il faut considérer qu’un Kerry Blue doit être toiletté environ toutes les
5 semaines, dès l’âge de 2 mois pour l’habituer à supporter ces séances.
Le Kerry Blue Terrier est
dans le grand groupe des Terriers qui est le troisième selon la classification
de la FCI, la race est peu représentée en France si l’on se fie au nombre des
inscriptions au livre des origines Français.
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