Relation fusionnelle maître-chiot!
De
nombreux problèmes comportementaux du chien adulte viennent d'une mauvaise
communication avec le maître à l'étape chiot. Il s'agit de respecter la
maturation affective, physique et psychique de ce petit être vivant qui attend
de savoir quelles sont les règles à suivre...
Relation fusionnelle maître-chiot!
Joseph ORTEGA
De
nombreux problèmes comportementaux du chien adulte viennent d'une mauvaise
communication avec le maître à l'étape chiot. Il s'agit de respecter la
maturation affective, physique et psychique de ce petit être vivant qui attend
de savoir quelles sont les règles à suivre
De nombreux problèmes
comportementaux du chien adulte viennent d'une mauvaise communication avec le
maître à l'étape du chiot. Il s'agit de respecter la maturation affective,
physique et psychique de ce petit être vivant qui attend de savoir quelles sont
les règles à suivre.
Des étapes à respecter:
Dès la maturation du
système nerveux le développement comportemental va se trouver à la merci des
facteurs d'environnement, chaque sens va être sollicité afin de mobiliser l'extérieur
et l'intérieur du corps et capter correctement les références à mémoriser. Les
évènements ou l'absence d'évènements pendant la période sensible va influencer
les façons de réagir du futur chien. De même que l'absence de congénères va
donner un rejet avec fuite ou agression de son espèce. Dans ce cas, s'il ne
voit pas d'autre chien entre 3 et 12 semaines, il risque de s'identifier à
l'espèce qu'il aura côtoyer: humain, chat, brebis, etc. Le maître et l'éleveur
se partagent donc la responsabilité du développement émotionnel et affectif
dans cette phase de socialisation primaire. Certains comportements qui nous
sont très gênants sont pourtant normaux. On peut prendre pour exemple les cris
de détresse lors d'un isolement en milieu inconnu lorsque le maître vient
d'acheter un chiot de 8 semaines, qui normalement vont disparaître en 1 ou 2
semaines (à moins que le maître cède et vienne soit le rassurer, soit le punir,
ou pire l'emmener dans sa chambre!)
Une relation fusionnelle:
Le chiot va s'attacher au
lieu où il vit (le biotope pour les louveteaux) et à sa mère (remplacée par le
maître) afin de se protéger contre les prédateurs et les dangers extérieurs.
Cette pulsion primaire d'attachement va quelquefois dans les deux sens et
l'humain risque de devenir de manière inconsciente le père psychologique
adoptant. Une relation anthropomorphique où l'animal devient un substitut
d'enfant qui entraîne une attention presque permanente avec la crainte qu'il ne
mange pas, qu'il soit malade, qu'il se fasse attaquer par un autre chien... Il
est vrai que l'humain ne peut échapper à cette émotion archaïque de revivre sa
propre enfance ou celle de ses enfants, à une responsabilisation face à ce
petit être, abusant de holding (prendre dans les bras) et du handling (manipuler
fréquemment).
Cette relation peut prendre
quelquefois une dimension fantasmatique, on connaît le succès que peuvent avoir
certaines races qui font rêver ( en caressant un Husky on se prend pour Jack
London, dans la forêt, avec des loups) où qui permettent de compenser une
frustration ( un molossoïde au faciès rébarbatif en impose aux autres humains,
donc on se sent très fort). On peut même se laisser à penser que des standards
de race sont orientés de manière inconsciente vers des caractères physiques se rapprochant
de ceux du bébé humain, qui éveillent l'instinct maternel, comme d'ailleurs les
poupées: face courte, front proéminent, joues rebondies.
Un chiot a besoin de
communiquer ses besoins qui sont différents de ceux des humains, le maître doit
pouvoir le "sentir" de l'intérieur, ressentir ce qu'il éprouve, se
mettre à son rythme en se laissant porter vers lui... Est-ce qu'une louve suit
des cours pour apprendre à s'occuper de ses louveteaux? Il faut apprendre à
échanger des informations, sans se presser, le temps ne doit plus exister. Si
vous regardez votre montre ou si vous considérez que vous n'avez que tant de
minutes à lui consacrer, vous n'êtes plus dans la démarche éthologique. On
s'assoit au milieu du jardin ou l'on se couche et on laisse venir le chiot. On
peut même fermer les yeux et se laisser aller, s'abandonner totalement, se
relaxer, quitte à s'endormir. C'est le début de la communication. La
communication ce n'est pas dire "les chiens il faut les dresser comme ceci
ou comme cela", c'est écouter l'autre, c'est-à-dire le chiot, en prenant
en compte son individualité. Chaque chiot est différent, c'est ce que
découvrent les maîtres qui ne retrouvent pas ce qu'ils avaient connu avec
d'autres chiens.
N'oubliez pas que le chien
a une psychologie d'animal de meute et il sait lire en vous comme dans un
livre, en particulier les émotions, comme la peur, la colère ou la frustration.
La manière de l'aborder, de lui parler, de le regarder, de le toucher va
influer énormément sur les réponses qu'il donnera. Même un chiot décèle
l'accent de vérité: ce que l'on dit et fait doit être en harmonie avec ce que
l'on éprouve.
Savoir donner des repères:
Le chien comme l'humain est
une espèce qui a besoin de se former pour apprendre à évoluer et à communiquer,
il a besoin des parents et du groupe pour connaître les règles de vie.
Contrairement au loup qui vivra avec ses parents et le clan jusqu'à environ 2
ans avant d'être autonome, le chien doit séjourner auprès des humains dès l'âge
de 8 semaines sans jamais pouvoir les quitter, les considérant comme des
congénères et leur adressant les mêmes messages. Toute carence dans la fonction
hiérarchique obligatoire avec la mise en place d'interdits fermes et définitifs
comme cela aurait eu lieu dans la nature, va mener à la délinquance. On peut
aimer le chien, penser comme lui, partager des moments d'intense complicité, il
doit pourtant demeurer un chien, un être qui doit intérioriser la notion
d'autorité sans laquelle il ne pourra jamais être heureux en tant que canidé.
Il n'est ni un jouet, ni un objet, ni un enfant, par contre vous êtes ses
parents chiens.
Il faut lui imposer le
respect des règles de la société dans laquelle il vit: les zones de la maisons
qui sont interdites (chambre), le lieu de couchage, qui décide de l'heure des
repas, qui décide du début du jeu et de la fin, qui passe en premier, etc.
Celui qui n'a pas de limites vit dans l'angoisse, il n'agit que par pulsions,
il ne peut se contrôler... Les règles ne doivent pas être floues, ambiguës,
fluctuantes d'une personne à l'autre ou d'un jour à l'autre, mises en place
sans conviction et sans détermination. Il suffit d'observer comment cela se
passe chez les loups où les attitudes sont souvent théâtrales mais jamais
accompagnées de douleurs ou de blessures ( sauf en espace confiné comme un parc
ou un zoo). Un maître qui a besoin de punir souvent pour obtenir ce qu'il
désire de son chien démontre que la position sociale n'est pas clairement
définie. De l'instauration claire et immuable de la hiérarchie, sans heurt et
sans violence,à travers de petits interdits, va naître la coopération avec la
capacité d'écouter et d'obéir. Un chien heureux c'est celui qui vit dans une
hiérarchie stable, il reconnaît l'autorité du dominant comme quelque chose de
naturel, comme un équilibre vital du groupe. Frapper un chiot c'est montrer une
absence de maîtrise de soi, montrer que la violence est le mode de
communication qui devra être le sien plus tard, c'est grever lourdement
les rapports de confiance futurs.
Il est vrai que quelques
chiots arrivent déjà chez le maître avec la conviction qu'ils sont capables de
diriger les autres puisque c'est ce qu'ils faisaient avec leurs frères et
soeurs; ou plus certainement à la puberté où logiquement doit survenir la phase
d'individualisation ce qui les obligent à tester l'autorité et l'ordre établi!
La manière la plus intelligente de réagir est d'éviter le rapport de
force et de dévier vers d'autres comportements à composante de jeu comme la
balle. Avant de punir on doit se demander si on a bien fait passer le message
de l'interdit -un chiot qui est passé par l'école des chiots dès l'age de 2
mois a été préparé à la dominance des maîtres. On doit essayer de comprendre
les raisons de ces comportements déviants: réaction à un évènement familial (dispute-séparation-absence)?
A un changement de milieu? La morsure et l'agressivité ne sont pas autre chose,
souvent, que des signes de peur et d'angoisse.
Attention au chiot gâté,
protégé, assisté, toutes choses qui vont lui donner une impression de toute
puissance en présence des maîtres. Il sera asocial avec les autres chiens et
les humains, quelquefois dangereux. Il faut que le maître lui apprenne le
détachement pour le préparer sur le plan psychologique et physique.
On peut partager des
moments de symbiose, une proximité relationnelle avec le chiot sans pour cela
admettre l'égalité de statut hiérarchique.
Pour en savoir plus, voir livres et stages Joseph ORTEGA
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