Les
chiens sans papiers !
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J. ORTEGA
“ La
gloire nous n’en voulons point, toutes nos actions n’ont pour objet que celle
de notre seigneur ”.
Les
chiens sans pedigree représentent une partie importante du cheptel canin, on
peut dire la majorité de celui-ci, c’est à dire entre 70 et 90% selon les pays.
Qu’on ne s’y méprenne pas, ceci n’est pas l’éloge des chiens sans pedigree aux
dépens des chiens de race, mais puisqu’ils existent et ont une fonction auprès
de l’homme, pourquoi les négliger dédaigneusement ?
Les cousins des chiens selon
le naturaliste Stonehenge :
1- Chiens sauvages ou
demi-sauvages chassant en troupes
2- Chiens domestiques chassant
à vue et tuant le gibier pour l’homme.
3- Chien domestiques, trouvant
et chassant au nez, et tuant le gibier.
4- Chiens domestiques,
trouvant et chassant le gibier au nez, mais ne le tuant pas.
5- Chiens employés à la garde
des troupeaux.
6- Chiens de garde, chiens de
maisons, chiens d’appartement
7- Races métisses, croisées,
etc.
Il
faut d’abord définir l’appellation que l’on donne à ces "sans race":
Chien
de race.
Un
chien issu de parents conformes au standard de race (confirmation), avec un
standard précis surtout au niveau des caractéristiques physiques ...
Chien
de type...
Un
chien qui se rapproche du standard de race, sans réelle précision, donc qui
n'est pas reconnu comme tel
Croisé
Un
chien issu d'un couple de chiens de races différentes mais standardisés, donc deux races pour lui. On reconnait les races
des parents
Bâtard
Un
chien issu de nombreux croisements, entre des chiens de plusieurs races sans
que l'on puisse découvrir de quelles races il s'agit réellement. Ou bien d’un
chien de race et d’un chien sans origine reconnue.
Corniaud
Un
chien issu de plusieurs chiens dont la plupart n'ont jamais une origine de
race.
Origine:
« coin », le corniaud étant un chien naissant au coin des rues
Le
chien de l’amour!
Ils
ont toujours existés et existent encore à la périphérie des grandes villes, en
ville ou dans un foyer humain.
On a
même pu distinguer : les chiens “ marrons ” redevenus sauvages
et vivant en complète autonomie comme commensal de l’homme, souvent à proximité
des décharges publiques.
Les
chiens errants qui ont été abandonnés ou perdus et qui vivent de ce qu’ils
trouvent ou de ce qu’on veut bien leur donner.
Les
chiens en circulation libre qui quittent leur maison pour fuguer ou qui sont
mis dehors par les maîtres, retournant chez eu le soir.
Les
chiens qui vivent dans des foyers au contact permanent des maîtres comme
n’importe quel chien de race.
En
France se sont surtout les deux dernières catégories que l’on trouve, en
général ils ne chassent pas car ils sont bien nourris par les maîtres,
néanmoins il ne faut pas négliger la présence des chiens vivant dans la
campagne en complète autarcie, véritables sauvages qui s’organisent en meute et
commettent des dégâts parmi les troupeaux (parmi eux on trouve de plus en plus
de chiens avec Pedigree). Ces chiens errants sont ramassés par la fourrière
mais le plus souvent abattus par les chasseurs, les fermiers ou les bergers.
“ Nous
les petits, nous les sans grade… ”
Nous
parlerons plutôt du chien bâtard ou du corniaud qui partage la vie d’un humain
ou d’une famille. Ils sont suffisamment nombreux, aussi utiles, avec un aussi
grand cœur pour le maître et les enfants que les chiens de race.
Il
faut dire que leur enfance est particulièrement heureuse, souvent plus que
celle du chien à Pedigree, car n’ayant pas de grande valeur marchande, rêve
d’étalon ou de lice…, on ne le poursuit pas pour le gaver de vitamines, de
produits phospho-calciques contre le rachitisme, le faire courir pour préparer
les allures qui séduiront les juges de beauté, l’enduire de shampooing spécial
et pratiquer un toilettage méticuleux.
Il
n’est pas surveillé et dirigé continuellement, mais le plus souvent laissé
libre de se livrer à n’importe quel comportement en tout lieu.
L’expérience
sur le tas
C’est
un aventurier qui peut acquérir une immense expérience, ce qui lui donne un
caractère équilibré et lui permet d’affronter les événements quand ils se
présentent, avec une maîtrise de soi et un sérieux indéniables.
Dans
la rue ou en promenade il est accoutumé à faire connaissance et à jouer avec
ses congénères, aussi est-il rarement agressif, déchiffrant rapidement le
langage des autres chiens et y répondant avec facilité.
Quelques-uns
d’entre eux, un peu trop libres (pour ne pas donner des arguments aux ennemis
de l’espèce canine), vont en vadrouille par la ville, se mêlent à la foule,
explorent une poubelle, traversent au feu rouge en bon citoyen, échappent avec
aisance à la fourrière en vrais clochards se méfiant des uniformes.
Si
quelques chiens de race, issus d’un élevage consanguin, d’une mère ayant des
troubles psychiques, ou élevés dans du coton, sont comme Bucéphale, le cheval
d’Alexandre le Grand qui avait peur de son ombre, lui, le paria, n’a peur de
rien et sait faire face à n’importe quel test de caractère.
Avec
les enfants, il est un compagnon joyeux qui sait participer au jeu, avec
mesure, sollicitant les échanges sans être agaçant. Il est rarement
“ jaloux ” d’eux, car il n’a pas été outrageusement gâté lorsqu’il
était chiot, se contentant de les apprécier, comme un prolongement du maître.
L’utilisation
Les
Clubs de travail acceptent rarement les chiens sans pedigree. Je pense que là
les moniteurs font une erreur car ils se privent d’une source de connaissance
passionnante.
Pour
la notoriété du Club, il faut, bien sûr, choisir ceux qui ont l’apparence d’une
des races existantes, ensuite, il ne faut pas les mettre à un programme de
travail réglementé où peuvent seuls concourir les chiens avec Pedigree, pour
eux aucun intérêt, mais plutôt, après quelques tests, les orienter dans des
exercices particuliers. Le chien de race est obligé de travailler selon des
règles précises pour passer son brevet en ring, en international, en pistage.
Le chien “ sans papiers ” sera dirigé vers une utilisation où il
présente des dispositions, sans aucune frontière, aucune limite.
Les
sauteurs, se verront initiés au parcours d’obstacles ; cercle de fer,
cercle de feu, grimpé d’échelle, passage sur une poutre, dans un tunnel en
rampant, dans des tonneaux, par dessus des haies naturelles, etc.
Les
doués pour l’obéissance :
Ils
exécuteront des rapports d’objets avec un panier, un revolver, un œuf (sans le
casser), un journal (qu’il peut apprendre à aller chercher en librairie), un
poisson lancé d’un canot, etc.
Rappelons
que si la SCC interdit que ces chiens fassent du mordant dans les clubs, elle
les admet cependant dans les concours d’Agility ou mieux, d’obéissance.
Les
pisteurs :
Ce
sont eux qui peuvent réunir tous les suffrages et valoriser l’emploi du chien
sans race ; ils pourront suppléer au manque d’effectif canin de la police
et de la gendarmerie pour rechercher un enfant perdu, un vieillard ou un malade
mental qui fait une fugue.
En
pistage pratique, la piste a plusieurs kilomètres de longueur, les objets
perdus peuvent être posés, suspendus, enterrés, le chien doit les indiquer sans
les toucher et en silence cela en se couchant ou en s’asseyant à environ un
mètre d’eux.
Plusieurs
chiens peuvent se relayer sur la piste qui sera tracée sur n’importe quel
terrain : champs, sable, traversées de rivière, descente d’une pente
abrupte, etc. Le départ peut avoir lieu plusieurs heures après celui du fugitif
et se situer en ville ou dans un lieu piétiné par diverses personnes,
l’identité olfactive étant fournie par un vêtement du traceur.
Les
utilisations du chien sans pedigree peuvent ainsi varier à l’infini et ne sont
contingentées par aucune règle, chaque bête étant dirigée vers la discipline où
elle répond le mieux.
Dans notre association "Le Chien Visiteur©", ils sont les bienvenus,
s'ils correspondent au profil recherché
Le
seul reproche que l’on puisse faire à ces chiens, c’est une certaine
instabilité caractérielle qui ne les dispose pas toujours à travailler, et
cette anomalie dans la constance des réponses attendues les rend, certains
jours assez primesautiers pour “ oublier ” les exercices et les
ordres du maître.
Il ne
s’agit pas de prôner la production de tels chiens, il faut simplement encourager
leurs maîtres à les employer sans aucune honte. Ils n’ont, en effet pas de
motivation constituée par les coupes, les médailles, les titres des autres
utilisateurs, mais ils peuvent s’initier aux joies de l’éducation avec leur
bête qui, elle, a autant d’amour à offrir que n’importe quel chien ayant un
arbre généalogique flatteur. Et puis, pourquoi ne pas choisir ensuite un chien
avec pedigree qui leur permettra d’approcher les concours officiels ?
Le
chien bâtard tient compagnie, sait monter la garde, voue à son maître une
fidélité exemplaire et s’il n’a pas la chance d’être Benji pour être rendu
célèbre par Walt Disney, il n’en ai pas moins cher au cœur de la famille
humaine où il vit. En dehors de Benji la malice, rappelons les non moins
célèbres Rantanplan, chien de Luky Luke, qui ne se souvient plus si sa mère
était louve ou si son père était coyote, Idefix le chien de notre Gaulois
Obelix, ou le fameux clochard qui séduira la Belle, un autre film de Walt
Disney.
“ Mais,
j’veux un chien, un p’tit bâtard.
Je
m’en fous de la marque (…)
Je
veux un chien, un p’tit bâtard sans estampille ”. Pierre Perret.
Parmi
ces “ sans papiers ” on trouve néanmoins une certaine homogénéité de
types que l’on peut regrouper en :
-Le type
Berger. C’est le “ chien-loup ”, avec les oreilles droites et la
queue basse qui a sans doute eut à un moment un ancêtre Berger Allemand.
C’est
également le “ Labrit ” qu’on trouve surtout dans le Sud-ouest et qui
a une certaine apparence de Berger des Pyrénées.
-Le
type ratier oreilles pointues, ou demi-relevés ou basses c’est un chien de
petites taille, râblé, nerveux, avec un tempérament de Terrier.
“ Je
suis un horrible mélange !
Je
suis le chien total, fils de tous les passants !
J’entends
japper en moi la voix de tous les sangs : Griffons, Mastiffs, Briquets
d’Artois ou de Saintonge,
Mon
âme est une meute assise en rond qui songe ! ”
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