LA SENSIBILITE AUDITIVE DU CHIEN
Les sens les plus performants chez le chien sont dans l’ordre : l’olfaction, l’ouïe, la vue.
Apparition des fonctions sensorielles chez le chiot : ouïe au 17e Jour, localisation des sons entre le 21e et le 28e jour.
Il est sensible à une gamme de fréquences qui va de 20 hertz à 60 000 hertz (chez l’homme, entre 20 et 20 000 hertz).
Ce qui lui permet, contrairement aux humains de percevoir certains ultrasons.
Il est capable d’analyser les sons avec précision pour une intensité allant de 5 à 30 décibels.
Ses oreilles sont en forme de cône ou de radar pour concentrer les ondes sonores, elles perçoivent les sons avec un temps de réception différent ce qui permet de faire une triangulation pour repérer l’origine du bruit
Comment entendre é
- un processus de transmission des vibrations sonores (de la source aux cellules ciliées de l’oreille interne)
- un processus de transformation de la vibration mécanique en un signal électrique
- un processus de perception de ce message électrique qui est acheminé vers les centres supérieurs où il est analysé
Chez le chien les limites pour supporter des stimulations vont se fixer au jeune âge, durant une période sensible qui coïncide avec la période de socialisation qui va de 8 à 12 semaines.
On nomme ce seuil de référence fixé à cette période « l’homéostasie sensorielle ». Un état d’équilibre entre l’organisme et le milieu dans lequel il doit vivre.
Si durant cette époque, chez l’éleveur ou en arrivant chez le maître, il n’a pas été confronté aux intensités de stimulations auxquelles il sera exposé plus tard, il aura du mal a les supporter. Il doit se constituer une base de données lui permettant plus tard de s’adapter à des situations sortant de l’ordinaire. Le déficit du contrôle moteur empêche l’animal d’explorer correctement et de faire des apprentissages. Exemple du chien élevé à la campagne qu’on amène en ville.
Ce phénomène d’apprentissage du milieu est appelé habituation, il commence tôt et doit être entretenu. L’exposition à des situations avec des stimulations acoustiques sans conséquences défavorables pour le sujet.
Des facteurs génétiques peuvent donner chez certains sujets des seuils de sensibilité plus faibles que les autres, on note par exemple une différence entre les chiens de type berger et les molossoïdes.
Un épisode traumatique dans l’histoire de l’animal peut également influencer cette sensibilité, par exemple jet de pétard dans les pattes du chien, accident de voiture, feu d’artifice trop proche…
La sensibilisation est le contraire de l’habituation. Le stimulus inconnu auquel il est confronté est de forte intensité, il ne peut se soustraire à celui-ci.
Ce qui engendre une réaction émotionnelle de peur qui peut se transformer en phobie (réaction disproportionnée de peur). On a alors des troubles de l’apprentissage, de l’hypervigilance, une anxiété, inhibition, évitement de la zone associée au traumatisme, fuite, manifestations neurovégétatives (accélération du rythme cardiaque et respiratoires, bâillements, mictions et défécations émotionnelles…
Le stimulus aversif provoque des sensations et des réponses de mal-être, de douleur ou de peur. Il peut être non douloureux ou douloureux et bloque la séquence comportementale en cours.
Les sons doivent atteindre 110 à 120 décibels pour être réellement aversifs. Aux Etats-Unis des expériences faites sur des appareils de correction « Dog stop » ou « Barker Breaker » pour les mauvais comportements, par exemple l’agression ou les aboiements intempestifs, démontrent qu’il faut qu’ils produisent 112 décibels à trois mètres pour être aversifs.
Rappelons qu’un coup de klaxon à 4m, c’est 80 décibels, et le tonnerre : 120décibels.
La prévention
Ne pas faire reproduire des chiens peureux, surtout la mère qui élève et sert de « modèle ».
Les éleveurs doivent soigner le milieu d’éveil des chiots avec des stimulations variées qui s’adressent à tous les sens (pour l’audition : radio, enregistrements d’avion, train, explosions, etc.). Ils doivent sortir les chiots en ville dés 1 mois (dans les bras).
Le maître doit sortir immédiatement son chiot en ville, sans attendre la fin des vaccinations. Il doit lui faire connaître des situations variées et stimulantes, en cas d’appréhension surtout ne pas caresser et tenter de rassurer, faire jouer, courir, etc.
J’ai inventé le concept de l’école des chiots pour les clubs d’éducation canine, la maternelle des chiens dès l’âge de 2 mois (auparavant on ne prenait les chiens dans ces clubs qu’à l’âge de 1 an), en m’inspirant de mon expérience dans la préparation des futurs chiens-guides d’aveugle ou pour handicapés, ou de celle des futurs chiens de recherche humanitaire. Dans ces écoles on fait entendre des sons qui sortent de l’ordinaire, on fait également des stimulations tactiles, visuelles, olfactives, afin de préparer le futur chien à supporter des stress quelquefois importants qu’il retrouvera en ville ou dans les services qu’il devra rendre aux humains.
L’éleveur consciencieux doit préparer ses chiots en fonction de leur emploi futur, un chien de travail doit pouvoir supporter des stimulations fortes, c’est ainsi que la sélection se fait depuis toujours.
Les bergers qui avaient un chiot ayant peur de l’orage ou fuyant devant la charge d’une brebis l’abattaient immédiatement…
On peut prendre pour exemple ce que l’on fait actuellement pour les chiens de recherche lors des catastrophes ou pour retrouver une personne disparue. Il ne s’agit pas comme en concours de gagner une coupe ou un titre de champion mais de sauver des vies humaines, hors un chien qui craint les feux d’artifice, le tonnerre, le passage de véhicules en bordure d’autoroute ou de voie ferrée…Est inapte au travail. Car dans une recherche le délai d’intervention et la célérité du chien à suivre les traces sont essentiels pour sauver la personne disparue, quoi qu’il se passe autour de lui il doit s’acharner sur la piste.
Voici un cas réel : « Mr X roule sur l’autoroute en hiver dans le nord de l’Europe, il fait moins 20 degrés à l’extérieur mais dans le véhicule le chauffage marche bien et il est en bras de chemise. Soudain la voiture dérape sur le verglas et il va heurter la clôture de l’autoroute. Mr X est traumatisé après le choc, il souffre d’un coup à la tête, il va s’extraire du véhicule et commencer à marcher au hasard, en titubant, dans la forêt… ». Le temps que l’accident soit signalé, que les secours arrivent sur place, que l’on constate l’absence du conducteur, que l’on commence les recherches autour de la zone du choc, il va s’écouler deux à trois heures. Ce n’est qu’à ce moment là qu’on pense à appeler le chien et son conducteur. Pendant ce temps là, l’accidenté risque de mourir d’hypothermie, il est donc impératif d’avoir un chien qui soit parfaitement préparé et ne perde pas de temps car il craint les camions poids lourds qui passent à quelques mètres de lui ou les éclairs et la foudre sur les arbres…
Un chien de catastrophe opérationnel après un tremblement de terre doit se concentrer sur la détection des odeurs des corps humains enfouis, malgré le stress important généré par la situation : grues et autres engins de déblaiement, cris, agitation, fuite de gaz, nourriture répandue des réfrigérateurs éventrés, coupure des pattes sur les tôles, etc.
Comment rééduquer les chiens qui ont des problèmes en cas de stimulations acoustiques fortes é
La désensibilisation
Elle consiste à exposer le sujet à un stimulus qu’il craint, d’abord à une intensité assez faible, s’il ne réagit pas on pourra augmenter celle-ci, normalement après une série d’approche successive il sera capable de le supporter sans réagir.
Le contre-conditionnement
On peut empêcher une réaction émotionnelle en entraînant le sujet dans une activité très motivante pour lui, au moment d’un pic d’intérêt (jeu intense par exemple) on fait entendre le stimulus qu’il craint.
Il est possible d’augmenter une motivation en pratiquant une privation, par exemple ne pas donner de gamelle durant deux jours, puis offrir de la viande ou du fromage en faisant entendre l’enregistrement. Après une augmentation du son qui ne fait pas réagir le chien, on peut faire la progression en situation près de la voie ferrée. Il faut savoir qu’un chien qui a peur ne mange pas !
Les odeurs qui calment
Il s’agit de phéromones propres aux canidés appelées apaisines, synthétisées à partir de l’odeur que produit la mère après la naissance des chiots au niveau des mamelles pour les calmer et les aider à s’adapter au milieu. Elles sont commercialisées sous le nom de DAP.
On peut lui mettre un collier diffuseur ou placer dans son chenil un diffuseur.
Dans tous les cas, ne jamais tenter de rassurer ou de caresser un chien qui a peur, sinon on lui montre que l’on est inquiet et on renforce le comportement anxieux.
Ne pas punir ou attacher le chien pour les mêmes raisons.
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