L’Angleterre qu’on le veuille ou non est un pays qui a toujours été en avant-garde pour tout ce qui concerne le domaine canin. Au XVIe siècle les races sont déjà nombreuses et on les exporte en Europe, on y trouve pour la garde : Les Bandogges, les Mooners, pour la chasse : les Bloodhounds, Teeneblers, Harrier ( dont le nom vient de Hare ( lièvre en Anglais).
C’est dans ce pays que sera créée la première Société de protection des Animaux, le RSPCA ( Royal Society for the prevention of cruelty to animals) en 1824 à Londres. En France il faudra attendre le 2 juillet 1850 grâce au Général Grammont et à Victor Hugo qui est alors député.
Le chien est de plus en plus à la mode, il se démocratise et on le trouve dans tous les milieux sociaux, les éleveurs se multiplient pour faire connaître les races régionales. Les passionnés de chevaux et de chiens voient comme une nécessité de règlementer et de contrôler cette expansion. Un nommé S.E. Shirley va rassembler les connaisseurs au n°2 de Victoria Street à Londres, nous sommes le 4 Avril 1873. Le Kennel Club est né, devançant tous les autres pays.
Charles Cruft est fils de joaillier mais la vente des bijoux ne l’intéresse pas, il préfère de beaucoup la compagnie des chiens depuis son plus jeune âge.
Il va travailler pour l’un des premier marchand d’aliment industriel pour chiens, James Spratt, ce qui va lui permettre de connaître parfaitement le milieu canin. En 1878 il assiste en France à l’exposition canine de Paris, mais il a des idées plus ambitieuses. Il admet que l’exposition sert à la sélection des meilleurs sujets et à la promotion du chien de race pure auprès du grand public, mais pour lui ce doit être également une fête où tout le monde s’amuse. Il va prouver ses talents d’organisateur en louant le Royal Agricultural Hall en 1881 pour y organiser la plus grande Exposition canine du monde. Lorsqu’il décède en 1938, son épouse va demander au Kennel Club de conserver à cette fabuleuse exposition le nom de son mari. A partir d’Octobre 1948 la « Cruft » se tiendra à l’Olympia de Londres mais en 1991, devant le nombre de plus en plus important des participants, elle va s’établir au National Exhibition Center à Birmingham.
La Crufts en 2005 c’est 24000 chiens qui circulent, avec ou sans pedigree, en exposition en démonstration ou en concours. C’est des centaines de stands axés autour de nos compagnons à quatre pattes. Des gravures, des peintures, des livres, du matériel d’éducation, de la nourriture, des friandises, les produits vétérinaires, les produits de toilettage, les bijoux et habits à l’effigie des chiens pour les maîtres, toutes les associations que vous pouvez imaginer….
Les rings sont multiples dans 5 halls, on y trouve ceux qui servent à exposer les races mais également ceux qui seront utilisés pour les démonstrations et les concours. Les aficionados sont là et vous emmène dans leur imaginaire de Club de race afin de voyager dans le temps. On peut y entendre au passage : « Vous souvenez-vous du Yorkshire appartenant au rédacteur en chef du journal Your Dog. Arthur Marples, il était vraiment exceptionnel avec sa taille de 6,3 cm au garrot et son poids de 113g ! Notre devise au Sky Terrier Club of Scotland ( le Skye a un poil plat et ondulant si abondant qu’il touche souvent le sol) est : wha dour meddle ui me (qui ose frayer avec moi).
Nous avons les meilleurs bergers du monde.
Le Bearded Collie, le Berger des shetlands, le Collie, le Border –Collie qui est le plus célèbre et le plus efficace dans les concours sur troupeaux, en obedience, en Agility. Son origine est la frontière au Sud d’Edimbourg entre l’Ecosse et l’Angleterre, la race est représentée par des utilisateurs de l’International Sheep Dog Society qui refusèrent pendant longtemps que celle-ci soit officialisée avec un standard de peur de la voir perdre ses qualités (comme cela s’est passé aux Etats-Unis avec le Berger Australien). Le standard ne sera établi et la race reconnue par le Kennel Club qu’en 1976 !
Il est vrai que le premier concours pour chien de Berger a eut lieu également en Angleterre en 1873 au pays de Galles. La Reine Victoria va assister à un concours de Field-Trial sur troupeaux en 1889 à Langollen. Oui, Monsieur, « to set » signifie se coucher ou tomber en arrêt d’où le nom du Setter qui porte quelquefois le nom de son créateur comme le Gordon le plus grand Setter qui a été élaboré par le Duc de Gordon en Ecosse, ou comme le Laverack créé par Sir Edward Laverack.
En effet le cardigan est une veste longue en Jersey ou en tricot mais c’est aussi une variété du Welsh Corgi qui vient du pays de Galles, (l’autre variété c’est le Pembroke qui a été le favori de la famille royale depuis 1936).
Lassie, c’est notre chien vedette, en réalité elle se nommait Pal, elle fut achetée en 1940, 5 dollars et allait faire la fortune de Rud Weeatherwax.
Le Whippet, son nom viendrait de « Whip it » qui signifie « fouette cocher ». Ce que l’on entend souvent sur les champs de course.
Le Terrier Glen of Imaal, vient d’Irlande du Sud la race a été présentée pour la première fois en 1933 à Dublin pour la St. Patrick !
Le Border-Terrier bien sûr, savez-vous que ses ancêtres étaient le Reedwater-Terrier ( Terrier des rivières à roseaux) et le coquetdale-Terrier (Terrier du vallon coquet) ». On ne manque pas également de vous souligner que sur environ 200 races presentées plus de 60 ont été créées dans les îles Britanniques et l’Irlande, certaines sont en danger de disparaître (Vulnerable native Breeds) comme ce fut le cas pour l’Old English White Terrier, le Bulldog Toy, Le Talbot. Parmi les races méconnues qui risquent de ne plus exister les anglais citent par exemple : le Bloodhound, Deerhound, Smooth Fox Terrier, Lancashire Heeler, English Toy Terriers.
Des distractions canines à tout instant :
C’est à la Crufts que furent l ancés les programmes de jeux pour chien qui allaient faire le tour du monde, le plus connu c’est l’Agility sur un parcours imité du Jumping pour chevaux, l’Obedience afin de démontrer que l’éducation peut être ferme et souple tout à la fois, le Freesbee ou recherche du disque qui vole, le Fly Ball qui consiste à ramener plus vite que l’autre équipe la balle qui sort du lanceur, cela en sautant des haies. La marche en musique appelée Heelwork ou Obéissance rythmée. Le Biathlon (Handling et obedience) ou le Biathlon (Agility et Obedience). Le Kennel Club Good citizen dog sheme pour une meilleure connaissance du chien par les maîtres et une parfaite intégration dans la cité. Le Safe and Sound Shema, les rapports de l’enfant avec les chiens.
Sans compter les démonstrations de chiens de travail, chien de chasse, chien militaire, chien de police, chien guide d’aveugle, chien pour sourds, chien visiteur ou Pet dogs (Pets as therapy dogs), etc.
L’origine de l’Agility :
Nous sommes en 1977, John Varley qui est membre du comité organisateur de la Crufts recherche des démonstrations avec des chiens pour distraire le public. Il demande à Peter Meanwell qui est juge et utilisateur de chien de travail, celui-ci va réunir le Yorkshire Working trials Training Society, le Pontrefact dog training Club, le Rugby dog training Club afin d’avoir une réflexion commune. C’est Trevor Jones du Club du Yorkshire qui aura l’idée d’adapter le jumping pour chevaux comme cela se faisait de manière courante dans les Clubs pour amuser les chiens (imitation d’un parcours du combattant). La première démonstration aura lieu à la Crufts en 1978 et en 1979 le premier Championnat se déroule à l’exposition hippique internationale de Londres. Elle sera remportée par un Border Collie « Conny Cluff » à Phil Cusworth.
Le Kennel Club comprend immédiatement l’avenir de ce type de jeu pour chien et intègre cette nouvelle discipline. En 1981, les obstacles d’Agility sont homologués et c’est celui qui a servi de secrétaire à Peter Meanwell lors du premier Championnat d’Agility de la Crufts, un nommé Peter Lewis, qui assurera le rôle de capitaine de l’équipe du Sud de l’Angleterre. On connaît la suite avec la promotion de l’Agility en Europe par Peter Lewis et les premiers pays qui se lancent dans cette discipline de jeu : l’Allemagne, la Belgique, la France…
L’Obedience :
Un programme que la France et l’Europe découvrent depuis quelques années mais qui a une longue tradition dans les pays Anglo-Saxons. Ce serait une américaine née en France, nommée Hélène Withehouse Walker qui ramène aux USA un grand caniche français avec lequel elle s’amuse à faire quelques tours d’assouplissement en imitant ce qui se passe dans les cirques, mais de manière plus modeste. Devant le succès que remporte ses démonstrations et le nombre de propriétaires de chiens qui veulent l’imiter, elle mettra au point en 1935 un programme « Obedience » que l’American Kennel Club (AKC) acceptera. A l’heure actuelle, parmi les 50 millions de chiens des USA, c’est la discipline la plus pratiquée ; les races les plus représentées sont le Golden Retriever, le Border Collie, le Shetland, le Labrador, le Berger Australien, le Papillon, le Rottweiler, le Berger Allemand. Il faut dire qu’aux Etats-Unis, il y a différentes classes toujours adaptées, cela commence par le Companion Dog et peut aller jusqu’au Championnat du Monde. Les résultats peuvent être inscrits sur le pédigrée du chien. L’Angleterre a très vite utilisé, lors de la Crufts, les démonstrations d’obéissance avec leur propre programme mais également avec celui qui est pratiqué par tous les pays anglo-saxons et qui sert de support à la World Cup (Coupe du Monde) depuis 2 ans. Cette année, la Coupe du Monde d’obéissance voyait pour la première fois des équipes qui ne sont pas anglo-saxonnes comme la Belgique, la Hollande et la Suisse, de même qu’elle accueillait des races autres que le traditionnel Border Collie, en particulier le Cairn Terrier et les deux Bergers Australiens de l’équipe suisse. Liliane Ortega dans l’équipe suisse avec Shawnee de la Villaloubet et Orane de l’Ayers Rock, 2 Bergers Australiens préparés en 3 mois et intégrés dans ce programme tellement inconnu !
Les pays participants : Pays de Galles, England, USA, Switzerland, Holland, Irelande du Nord, Eire, Scotland, Belgium et Channel Islands.Chaque équipe comprenait 3 chiens plus 1 chien en réserve. Cette année, les vainqueurs (comme d’habitude) sont les anglais, suivis par l’Irlande du Nord et en troisième place, la Hollande.
Les exercices :
On trouve quelques similitudes avec l’obéissance de la FCI que nous pratiquons en France depuis 1998, mais sur l’ensemble du travail, nous sommes loin de « l’Obéissance à la française ». L’accent est mis ici sur la complicité entre le chien et le maître et même si on recherche la précision qui va de soi en compétition, c’est la joie au travail qui primera. Le concours est divisé en deux parties ; d’un côté, l’exercice d’absence en groupe et l’exercice de flair, de l’autre côté, les autres exercices. Les concurrents savaient que le terrain serait équipé au dernier moment selon les directives du juge et les exercices tirés au sort.
La suite sans laisse (heelwork) : l’exercice le plus côté avec 60 points. Une marche interminable avec, sous les directives du stewart (commissaire de ring), le pas normal, le pas de course, le pas lent, le slalom, le demi-tour à gauche ou à droite, le tour complet à gauche ou à droite, le cercle, le huit, les arrêts. Le conducteur a le droit de tenir sa main gauche à la hauteur de la ceinture, il ne doit pas regarder son chien. Celui-ci doit avoir une allure fluide et enjouée, le regard en permanence sur son maître sans jamais le dépasser ou se laisser distancer.
L’envoi en avant (40 points) : Cette année, il s’agissait d’envoyer le chien entre deux mappemondes où il devait se coucher à l’ordre, le rappel se faisant pendant le retour du maître au moment où il tournait le dos.
Le rapport d’objet par-dessus la haie (40 points) : Tout ce qu’il y a de plus classique avec un parfait contrôle du chien au départ, à la remise de l’objet et à la reprise au pied.
Le rappel avec positions à distance (40 points) : Le chien est en position assise, le maître rappelle à distance. Il doit arrêter son chien au signal du juge et demander les positions assis, couché, debout, ensuite il rejoint son chien.
Le rapport d’objet directionnel (50 points) :
Il y a 3 objets, le chien doit rapporter celui qui sera tiré au sort, celui de droite, de gauche ou du milieu.
L’absence en groupe (20 points) : Une trentaine de chiens en position assis en l’absence des maîtres, au milieu de la foule avec les haut-parleurs, les cris, les aboiements. Dans l’obéissance anglaise, les mâles et les femelles seront séparés pour tous les exercices.
L’odorat (50 points) : cette année, c’était un mouchoir qu’on remettait au maître quelques secondes, avant de le déposer au milieu d’une quinzaine de mouchoirs similaires. Le chien devait identifier l’odeur de son maître et ramener celui qui avait été touché.
Un mot sur l’organisation : Un exemple qui pourrait être utilisé chez nous, avec de nombreux bénévoles qui vous assistent en souriant et qui savent exactement le rôle qu’ils ont à jouer pour cette fête du chien. De la gentillesse et du savoir-faire avec une vraie passion du chien, sans chercher à dénigrer ou à écraser les autres.
Enfin une pensée pour Nicole Nicolier responsable de l’équipe Suisse qui malgré sa maladie s’est dévouée pour participer à cette Coupe du Monde, et qui est décédée à son retour en Suisse.
Photos : Marlise Neff
Site : www.obedience.